Chasse aux sorcières

Au Moyen Age, quand il s'agissait d'expliquer les catastrophes ou les épidémies, il fallait en punir les responsables, forcément coupables de magie et de pactes avec le diable dirigés contre la chrétienté.

Pour «faire» une sorcière, il suffisait qu'un comportement rebelle ou marginal attire l'attention, nourrisse la rumeur publique jusqu'à alerter les autorités, lesquelles déclaraient alors la chasse ouverte.

Sorcières, terroristes, un même fantasme du pouvoir

Deuxième étape: pour condamner une sorcière, il suffisait de lui briser les jambes, de lui arracher les ongles, de lui faire le coup de la baignoire, etc. A la seule vue de ces techniques raffinées, actuellement exposées au Musée de Morat (Fribourg), on a envie d'avouer avoir tué père et mère.

Donc, c'est la torture qui faisait les sorcières. Et le fanatisme religieux. «Cette sorcellerie imaginaire, fantasmée par le pouvoir, ressemble beaucoup aux théories récentes de la lutte antiterroriste des Etats-Unis. Je ne nie pas la réalité des attentats, mais George W. Bush en a fait un mythe pour justifier la torture», affirme Kathrin Utz Tremp.

Du reste, le supplice de la baignoire a traversé les siècles jusqu'aux prisons de la CIA. Cette brillante spécialiste estime que, du 15e au 18e siècle, 30'000 à 60'000 personnes ont été brûlées pour sorcellerie en Europe, dont 6000 en Suisse et 300 à Fribourg.

Un record, et même un double record. «Fribourg a été le 3e lieu en Europe à exécuter des sorcières, dès 1429. Et une des premières autorités politiques à instruire des procès en sorcellerie sans inquisiteurs religieux», souligne la médiéviste.




AFFAIRE CATILLON

Détroussée et mutilée durant une nuit d'automne, une mendiante est ensuite convaincue de sorcellerie au terme d'une enquête pour le moins particulière.

Automne 1730. Le bucolique Pays de Fribourg est à l'image du temps: catholique, intolérant, supersticieux et curel, comme seuls les pauvres savent l'être à l'égard des miséreux. Montesquieu, Voltaire, Diderot et le siècle des Lumières, en pleine floraison, sont bien loin et nul n'en a cure ici.
Le bailli Béat-Nicolas de Montenach est à la chasse, plaisir réservé aux aristocrates. C'est un homme autoritaire, que la poursuite du gibier détend. Il se prétend une fine gâchette. Voici qu'un renard passe à portée: il tire. L'animal est blessé à la patte gauche. Montenach et ses chiens courent sur la bête. Maître Goupil disparaît pourtant, laissant derrière lui comme un son de voix humaine: "Vous m'avez fait bien mal, Monsieur le bailli!" Montenach rentre chez lui bredouille et perplexe. Entendrait-il des voix?
Une pluie froide et triste tombe. Une mendiancte frappe à la porte des Purro, près de Villargiroud. Elle demande l'hospitalité. Il fait froid et elle ne tient pas à passer la nuit dehors. Elle quémande un morceau de pain et du lait. On lui donne à manger et elle s'installe dans la grange, où elle s'endort rapidement dans la paille. Elle s'appelle Catherine Repond, dite "la Catillon". Elle a 68ans et tout le monde la connaît dans le pays, où elle mendie, fait quelques petits travaux, file parfois de la laine à Berne, chet les protestants. On s'en méfie. Elle aurait des pouvoirs occultes; elle jetterait des sorts aux rares audacieux qui lui refusent le gîte et le couvert. Cette nuit-là, dans la grange des Purros, des inconnus - deux hommes et une femme, dira-t-elle - lui tombent dessus à bras raccourcis. A son réveil, la Catillon n'a plus ni chapeau, ni tablier, ni bissac. Les agresseurs lui ont aussi coupé les orteils. Emportant avec elle ses doigts de pied coupés, elle marche clopin-clopant jusqu'à Orsonnens, où elle montre ses blessures.
Cette histoire insolite parvient aux oreilles du bailli Montenach. Le renard qui lui a échappé, serait-ce la Catillon, transformée en animal et qui, blessée, aurait repris forme humaine pour s'enfuir?

En avril 1731, une enquête est ouverte sur les rumeurs de sorcellerie qui entourent la Catillon. Le 20 mai, elle est jetée au cachot du château de Corbières - où réside de Montenach - en attendant son procès. La nouvelle de l'arrestation se répand dans le pays et les langues se délient: la Catillon est méchante, mauvaise langue, elle manque parfois la messe. Ses maléfices gâtent le fromages et rendent le bétail malade. Vref, on l'accuse de tous les péchés du monde.

4 juin 1731, premier interrogatoire, mené par la bailli Montenach, qui, selon le système de l'époque, remplit également des fonctions judiciaires. Il est entouré d'assesseurs dociles et dévoués. La Catillon raconte qu'elle a demandé refuge aux Purro, qui l'oont d'abord accueillie, puis mutilée et chassée. Montenach n'aime guère cette version des faits. Il essaie de l'amener à se contredire, mais rien n'y fait. Laissé, irrité, Montenach recourt à la procédure fribourgeoise de l'époque: la "simple corde" pour le prévenu qui nie.
Devant les juges, secrètement ravis du spéctacle, le bourreau saisit la Catillon. Il lui attache les mains dans le dos avec une longue corde. Au plafond, une poulie. On y passe la corde puis, avec un treuil, on hisse la suppliciée et on lui imprime un mouvement de va-et-vient. Les hurlements de douleur qu'elle pousse titillent Montenach et ses accolytes. Rapidement, la suppliciée "avoue" que, en réalité, elle a reçu une balle dans le pied. Montenach l'oeil gourmand, demande si elle n'a pas été blessée après avoir pris la forme d'un renard.
Que non, que non, Seogneur, je ne sais pas me changer en bête, se défend la malheureuse.
Cette fois c'en est trop! La Catillon ne veut pas avouer? On saura la faire parler. Au moyen du deuxième gadget fribourgeois: au supplice de la "simple corde", on ajoute un poid de 50kilos attaché aux pieds mutilés, et on la suspend de nouveaux. Ses articulations sautent, elle hurle la souffrance, mais elle s'obstient à nier. On recommence. En vain. Les juges ajoutent 50kilos de plus. La Catillon résiste, tout en criant de plus belle Montenach, tortionnaire aristocrate et distingué, commence à en avoir assez: il lui demande simplement de reconnaître qu'elle a pactisé avec le diable et fait acte de sorcellerie. Elle s'obstine. On lit au procès-verbal: " Ezant soulevée pour la troisième fois au quintal, elle est devenue toute noire au visage et de l'écume en la bouche, sans pouvoir parler. On a été dans l'obligation de la promptement relâcher."
Exercice résussi: la Catillon avoue tout ce qu'on veut pour échapper à la torture: elle va au sabbat, elle se déplace sur un mache à balais, elle a même forniqué avec le diable à plusieurs reprises. Montenach est ravi: voilà une affaire rondement menée et des aveux convaincants.
La Catillon est transférée à la prison de Fribourg. Sans doute pour éviter une erreur judiciaire, on la torture necore une fois pour qu'elle confirme ses aveux. Elle maintient quand même qu'elle n'a jamais fait de tort à personne, et que c'est bien dans la grange des Purro qu'elle a été blessée. Protestations illusoiers: Catherine Repond, dite "la Catillon", reconnue coupable de sorcellerie, est condamnée à mort le 15 septembre 1731. Le catholicisme, on le sait, est une religion de cahrité: les juges ordonnent donc qu'on l'étrangle avant de la brûler, pour qu'elle souffre moins. Ah, les braves gens! C'est donc un corps inanimé que les flammes dévorent sur un bûcher aux portes de la ville, face à une assistance nombreuse ravie du spectacle, bien que contrariée que la sorcière n'ait pas brûlée vive pour la plus grande joie des spectateurs.



Extrait de:Catillon et les écus du diable
Editions la sarine de Josiane Ferrari-Clément

<<La Sarine fait monter ses vapeurs troubles vers les hauteurs de la ville.B'aignés d'une lumière douce d'arrière-saison, les toits foncés semblent bientôt épaissis par des nuages noires qui se serrent
au-dessus d'eux comme pour être au premier rang d'un spectacle
imminent. Les deux centaines de bâtisses patriciennes édifiées sur le dos
arrondi des tisserands de draps et dans le sang abondant des soldats mercenaires sont groupées un peu en pente autour de leur collégiale dont le beffroi s'est maitenant entièrement évanoui dans le ciel chargé. Au soleil mourant, au-dessus du lourd portail de chêne de l'imposante maison de Dieu et des hommes, le paradis et l'enfer se disputent l'espace du tympan. Sur le côte sinistre, le diable, une tête de porc affamé sur les épaules, un croc à la main, ramasse toutes les méchantes âmes du pays et les fourre dans sa hotte de chiffonnier. Avide et impatient, il semble n'attendre que la prochaine.

Des belles demeures s'apprêtent à sortir tout un monde de servantes venues du droit de cuissage et de la pauvreté, de bourgeoises secrètes vêtues de soie ou de velours noir, emprisonnées dans des corsets à baleine pourtant prohibés, de prêtres flanqués de concubines, d'officiers de haut rang aux moeurs françaises, nombreux dans ce patriciat, ce monde rétréci par le jeu des alliances matrimoniales et du contrôle des charges publiques.En carrosse, à pied ou en charrette, selon leur rang, avec tout le petit peuple artisan venu de la basse ville, les rôdeurs, les curiexu, les paysans des nouvelles terres, celles hors les murs, ils montent sur la colline assister au sacrifice qui se prèpare.

Proche de la collégiale, un peu plus haut, dans la mauvaise tour,
la tour des sorcières, à un jet de pierres du fossé du Varis, une femme seule.C'est toi, Catherine. Catherine Repond. La Catillon. C'est un jour particulier, le dernier de ta vie; une autre femme se tient près de toi, entre les mêmes murs étroits et sombres, la femme du bourreau de la ville qui s'apprête à te raser. Elle s'applique, prononce quelques ordres. De baisser la tête, de t'approcher, de t'asseoir, de ne pas bouger. Un ton qu'on ne peut dire hostile. Qui traduit seulement une répulsion au fond d'elle à l'aidée de te toucher, toi qu'on vient de juger comme sorcière.Et toi,Catillon, la vieille femme exténuée, tu ne dis rien. Tu ne dis plus rien. Tes yeux déjà éteints sont fermés. Tu te laisses bouscouler, tu obéis en silence. Toute résistance en toi est maitenant brisée.

La femme du bourreau coupe les cheveux maigres devant elle, tout sales et collés, gris. Puis se met à te raser. La lame fait apparaître ta tête blanche, piquée de points noirs là oû avant il y avait des cheveux.
La peau du corps est tachée de sang séché depuis que le bourreau àCorbières a comencé à chercher la marque satanique: l'endroit insensible du corps de la femme, la preuve du pacte avec le diable, cette marque qu'on trouve à force de planter des aiguilles dedans.
Dans tout le corps. Avec tes petits yeux enfoncés, ton nez tuméfié,
tes lèvres comme un petit trait horizontal tout noir, tu fais peru Catherine. Tes cheveux tombés, tes poils rares sont mis dans un sac. Le sac sera brûlé. Puis tu reçois l'eau bénite, une bonne dose dont on t'asperge abondamment, toi et tout ce qui t'entoure, tout ce que tu as pu toucher, tout ce qui t'a revêtue aussi: tes habits qu'on avait déjà, quelques jours avant, lavés dans l'eau chaude pour mieux en extraire la marque du diable. Tout en brandissant violemment le crucifix devant toi, l'homme en noir, un prêtre, asperge pour purifier et protéger.
Pour éviter la contagion: nulle parcelle de maléfice ne doit subsister.

D'une famille au service des rois de France depuis les guerres de Bourgogne, l'Avoyer François Pierre Emmanuel Fegely, premier homme du pays, chef du Petit Conseil de cette république de Fribourg et proclamé amateur de justice, prononce la sentence en te remettant toi, cette malheureuse créature au bourreau qui, le jour même, te conduira au lieu du supplice ordinaire, la colline du Guintzet,
te liera sur une échelle pour te jeter, déjà morte dans les flammes qu'on ne quittera pas avant que le tout ne soit réduit en cendres. Afin que tu serves d'exemple.

Les ordres fusent à peine la sentence proclamée ce 15 sep.1731.
On fait amener le bois, élever le bûcher, trouver la corde et l'échelle,
le cheval et le char. Enfin la poudre, précautionneusement, est mise dans un sac. Un petit sac, un sac en tissu noir. Tout doit être prêt sous peu.

Le bourreau te lie les mains une dernière fois dans le dos, te hisse sur le char qui t'amène au bûcher. Il est venu te chercher dans la tour des sorcière ou tu es restée deux mois seul dans ta prison. A côté de toi, sur le char, il a glissé l'echelle en bois. Après la toilette qu'elle ta faite, la femme du bourreau t'a mis une tunique grise et soufrée pour
que tu brûles mieux. Tu flottes dedans. Tes pieds sont nus.
Les orteiles manque au pied gauche. Le bourreau t'a attaché un tissu noir autour de la tête. tu ne vois rien. Tu entends le pas du cheval
sur le pavé de la ville. Un bruit sec et court, familier. Tu as froid, un autre froid que celui qui vient des murs moisis de la tour.
Il vient du dedans ce froid glacial. Le cheval trotte toujours.
Tu entends son pas. Mais aussi des cris par-dessus. Des cris contre toi. <<Sorcière, sorcière >> tu entends crier. Tu aimerais que ce soit vite fini. Que ce soit enfin fini.Ces cris, maintenant qui montent
encore plus fort, tu dois encore les subir.
Tu ne peux pas faire autrement.

Le bourreau te porte pour te descendre du char. Il t'attache à l'échelle
avec la corde toute neuve qu'il a dû acheter. Au cou il t'attache maintenant le petit sac de poudre. Une décision du Petit Conseil,
une faveur qu'on t'accorde,Catherine, de ne pas brûler vivante,
avant d'être jetée dans le feu pour être consumée tout entière,
tu seras tuée par la poudre. Ils ont fait amener douze chars de bois pour ce sacrifice.

Monté de la collégiale, dom Gobet, le chapelain de saint-Niccolas,
est là lui aussi, mais un peu en retrait. Il ne se mêle pas a la foule.
De sa position, il voit toute la scène. Il te connaît bien, Catherine.
Tu le rencontrais quand tu allais mendier du côté ou il as ses quartiers.
Il te donnait une écuelle pour aller chercher de la soupe à la Maigrauge. Il te disait quelques mots, te posait une question ou te faisait une recommandation quand tu revenais de la Maigrauge,
en face de la ville, en bas vers la sarine, dans une boucle du fleuve, ce couvent où on entre pas sans poser d'abord cinq cent écus dans l'escarcelle, où se trouvent de tissus dont cinq de serges différentes, où douze chevaux cotoient chèvres et brebis, où les soeurs cirsterciennes portent des noms prestigieux, mangent l'anguille, le brochet, la carpe et la bondelle quand elles font abstinences et où elles chantent si bien les offices que les anges semblent ravis.

Ta voix revient dans les oreilles du chanoine. Ta voix de mendiante qui n'a que le patois avec ces ''R'' qui roulent sous la langue pour dire ce qu'elle a à dire. Une damnée, se dit le chanoine tout en observant la scène. Il te voit attachée tout droit sur l'échelle, flotter entre la terre et le ciel, entre ange et démon, déjà offerte à Lucifer qui viendra encore du feu te lécher une dernière fois dans les flammes. Il pense comme pensent toutes les têtes agglutinées là sur la place et bien plus loin.
Il a un frisson à l'idée d'avoir connu et d'avoir parler à une sorcière.

Des yeux innombrables sont fixés sur toi, Catherine quand tu rends ton âme. La place du Guintzet s'anime, s'agite. Ton cadavre est jeté dans les flammes. Dans un fracas, la poudre vient de déchiqueter ta tête et ton corps. Clameur de la foule. Stupéfaction. Le feu s'emporte, enrage, gronde, encourager par le vent qui vient de se lever et qui entraîne au passage les feuilles des arbres. Fou furieux, alimenté par le corps qu'il vient de recevoir, le feu redouble de vigueur, tourbillone dans une danse infernale, se lie au vent pour faire reculer la foule qui piétine comme des bêtes qu'on ne contrôle plus. C'est que des sorcières, on en a plus vu brûler depuis plus d'un demi siècle. Avant que les flammes ne faiblissent, le bourreau rajoute du bois. La cendre rougeoie, grossit. Rien ne doit subsister. Les os doivent finir en poudre, en fine poussière grise. C'est long pour fabriquer de la poussière de sorcière. Surtout quand il se met à pleuvoir.>>

 
Affaire Anna Göldi
Anna Göldi (1734-1782) est considérée comme la dernière victime européenne des procès en sorcellerie, et cela à une époque, fin du 18e siècle, où ils avaient déjà presque partout disparu. En Allemagne, la dernière victime de cette justice particulière avait été exécutée en 1738.

Le destin tragique de la servante Anna Göldi s'est noué à Mollis, petit village du canton de Glaris, où la superstition et le fanatisme religieux le disputaient à l'abus de pouvoir.
Née à Sennwald en 1734, Anna Göldin venait d'une famille pauvre. Avec Jakob Rhodurner puis le Dr. Zwicky, elle eut au total trois enfants mais le deuxième mourut peu après la naissance.
Après ses déboires avec la justice, elle rejoint la famille du médecin Johann Jacob Tschudi (1747-1800) et s'occupa de ses cinq filles. On l'accusa alors d'avoir ensorcelé sa deuxième fille, Anne-Miggeli, alors âgée de huit ans. En effet, la rumeur prétendait que des aiguilles avaient été trouvées à plusieurs reprises dans le bol de lait de la petite. On en trouva également dans son pain et dans le bol de Susanna, l'autre fille des Tschudi. Anne-Miggeli tomba malade après que Göldin fut renvoyée de la maison. Selon les témoins, elle était comme possédée avec des convulsions et de la fièvre. On affirma que la jeune fille avait même craché du sang avec une aiguille, son état empira et de nouvelles aiguilles sortaient chaque jour de sa bouche.
Accusée de pratiquer la magie noire sur l'enfant, Göldin fut arrêtée, et envoyée le 21 février 1782 à Glaris pour être soumise à la torture, ceci dans le but de lui faire avouer ses liens avec le diable. Le témoignage de la fille des Tschudi était accablant aux yeux des juges : au cours d'une journée, Göldin aurait donné à l'enfant une sucrerie et lui aurait demandé de ne pas le dire à ses parents.
Le procès fut rapide, Anna Göldin ne pouvant expliquer la présence des corps étrangers dans le corps de Anne-Miggeli. Pendant ce temps, la fille des Tschudi était en convalescence. Pour les juges, cette amélioration de son état prouvait que la "sorcière" n'avait plus d'emprise sur sa victime.
Le verdict fut en partie censuré dans la presse : le tribunal voulait éviter la mention de sorcellerie, une accusation qui commençait à être dépassée à cette époque. Certains dossiers furent détruits et on la qualifia d'empoisonneuse pour limiter la portée de cette affaire.
Condamnée par le tribunal de Glaris à être décapitée, elle fut exécutée le 18 juin 1782.


Le musée de Mollis relate la vie et les souffrances d'Anna Göldi. [Keystone]
 Le musée de Mollis relate la vie et les souffrances d'Anna Göldi.



Sophie SIMON, Si je le veux, il mourra !» Maléfices et sorcellerie dans la campagne genevoise (1497-1530),


En 1497 comparaît au château de Peney Rolette de Thufo. Interrogée puis torturée par un inquisiteur dominicain de Genève, elle finit par confesser ses crimes: elle reconnaît avoir rencontré le diable au sabbat et avoir conclu un pacte avec lui. Deux ans plus tard, Etienne de Thufo, accusé des mêmes crimes, demande à être pourvu d'un avocat, tandis que le procureur de la foi réclame sa mise à la question. Au même moment Peronette Verneye nie les crimes qui lui sont reprochés. Elle sera condamnée à deux ans de bannissement ainsi qu'à un pèlerinage à Notre-Dame-du-Puy.
Trente ans plus tard, en 1530, une grande enquête sur la sorcellerie est ouverte dans le mandement de Peney. Vingt-deux personnes sont dénoncées: on leur reproche d'avoir pratiqué des maléfices allant de la simple maladie à l'homicide, en passant par l'avortement. Ces dénonciations finissent par entraîner un climat d'insécurité et de méfiance dans les villages.



Adrienne d’Heur (environ 1585 – 11 septembre 1646) est une femme dénoncée, jugée et condamnée durant la chasse aux sorcières qui sévit en France du XIIe siècle au XVIIe siècle.


Adrienne d'Heur est orfèvre à Montbéliard, veuve de Pierre Bacqueson, quand ses voisins la dénoncent comme une sorcière, en particulier à cause de sa vie sexuelle jugée trop débridée pour l’époque. Elle est incarcérée le 10 août 1646. Mais à la différence d’un grand nombre de ces femmes, souvent de condition très modeste, envoyées au bûcher pour hérésie, elle est non seulement intelligente mais relativement cultivée.
L’interrogatoire débute le 14 août. Elle tient trois jours sous la question des inquisiteurs qui tentent de lui faire avouer son pacte avec le diable. Quand on lui demande si elle croit aux sorciers, par exemple, elle sait que si elle dit non, on l’accusera de ne pas croire au diable, donc de s’opposer au dogme de l’église et si elle répond oui, on lui demandera d’où elle tient cette certitude suspecte : connaîtrait-elle donc des sorciers ? Elle répond donc qu’elle croit aux sorciers… parce que la Bible en parle. Ces réponses, et sa détermination à clamer son innocence, obligent les accusateurs à recourir à d’autres méthodes le quatrième jour.
On l’accuse alors, devant 32 témoins, de la mort subite d’un nourrisson qui aurait reçu un morceau de pain de ses mains, de la cécité d’un homme, de l’épuisement d’une vache, de l’absence d’œufs dans une basse-cour pendant plusieurs jours, de la mort d’un cheval, de la tentative d’enlèvement d’un jeune enfant, d’être entrée par le portail de certaines propriétés et d’y avoir poussé des cris lugubres.
Le 31 août de l’année 1646, les inquisiteurs lui firent subir le test de l’aiguille d’argent, par lequel il s’agit de trouver une zone diabolique dans le corps, un point parfois minuscule qui resterait insensible à la douleur, la marque de Satan. Ce point fut trouvé chez Adrienne au milieu du dos, en dessous d’une omoplate. On y laissa l'aiguille enfoncée « l'espace de plus d'un demy quart d'heure » sans qu'elle « en aye tesmoigné ressentir aulcune doulleur », ni que « la dicte marcque eût jetté aulcung sang ». Elle nia que cela soit le signe d’un pacte avec le diable. Elle fut alors soumise à la torture jusqu’à ce qu’elle avoue et fut condamnée le 11 septembre 1646 à brûler vive sur un bûcher pour sorcellerie.




L'affaire des démons de Loudun, aussi appelée affaire des possédées de Loudun est une chasse aux sorcières lancée par le cardinal de Richelieu dans les années 1630, contre le prêtre catholique Urbain Grandier, de la ville de Loudun, en France.

 
En 1632, dans un couvent d'Ursulines à Loudun, la supérieure, mère Jeanne des Anges et les autres religieuses du couvent affirmèrent voir des fantômes et avoir été ensorcelées par le curé Urbain Grandier.
Ce dernier avait publié un pamphlet violent contre Richelieu. En outre, il s'opposait fermement à la destruction des murailles de la ville. En effet, la ville abritait un grand nombre de protestants. Henri IV leur avait permis d'avoir des places fortifiées, mais les murailles de certaines de ces villes furent détruites. Richelieu à l'époque faisait construire sa ville, toute proche. La tolérance d'Urbain Grandier envers les protestants et ses critiques jouèrent en sa défaveur.
C'est une sœur du couvent se disant possédée par le démon d'Astaroth qui lâcha le nom d'Urbain Grandier. Un procès en sorcellerie fut instruit sur la demande de Richelieu. On procéda à de nombreux exorcismes sur les sœurs. Ils durèrent plusieurs mois et parfois plusieurs années. On chercha également un pacte avec le Diable signé de la main d'Urbain Grandier ; on tenta même d'en trouver un sur le corps même des sœurs qui furent pour cela mises à nu et rasées. On tenta de trouver une zone insensible sur leurs corps, preuve du contact avec la griffe du démon.
Le 18 août 1634, Urbain Grandier fut condamné à mort, torturé et brûlé. Il jura toujours être innocent.



ORDONNANCE ROYALE CONTRE LES BLASPHEMATEURS (1397)


Cette ordonnance royale, donnée par le roi Charles VI (1368-1422), décrit les peines encourues par ceux qui blasphèment * contre Dieu, la vierge Marie, ainsi que contre les saints et saintes de la religion catholique :
*dire ou écrire du mal de tout ce qui touche à la religion.
"Charles, par la grâce de Dieu Roi de France, à tous ceux qui liront cette ordonnance, Salut. Tous ceux qui diraient paroles, injures et blasphèmes contre notre Créateur et ses oeuvres , contre la glorieuse vierge Marie, sa mère bénie, ses saints et saintes, ou qui jureraient sur eux, seront mis pour la première fois, au pilori * où ils demeureront de une heure jusqu'à neuf heure, on pourra leur jeter aux yeux de la boue ou autres ordures, sauf des pierres ou choses qui pourraient les blesser. Après ils demeureront un mois entier en prison au pain et à l'eau. A la seconde fois, on leur fendra la lèvre supérieure avec un fer chaud jusqu'à ce que leurs dents leur paraissent, à la troisième fois la lèvre inférieure ; et à la quatrième fois les deux joues ; et si par malheur, il leur arrivait de mal faire une cinquième fois, l'on leur coupe la langue en entier, qu'ainsi ils ne puissent plus dire de pareilles choses.
Afin que notre ordonnance soit connue de tous et que nul puisse prétendre l'ignorer elle sera criée et publiée en lieux et places publiques."

 

 

La Torture au Moyen Age

Il était affreux qu'on admît toutefois le recours à la torture pour extorquer des confessions aux sorcières. Plus affreux encore qu'on les y soumit à plusieurs reprises quand elles rétractaient leurs aveux et qu'on leur promît des remises de peine qu'on savait ne pas devoir tenir. Parmi les méthodes les plus usitées, citons : la chaise à clous, l'élongation, l'estrapade, les garrots, l'immersion, les fers brûlants, les rouleaux à épines, les tourniquets, les brodequins, le plomb fondu et l'eau bouillante.

La question préparatoire

On effrayait l'accusé en lui expliquant le maniement des différents instruments de torture, puis on fouettait et on le torturait avec des cordes serrées.

Question définitive ou Torture finale

Ici le sadisme et la variété se donnaient libre cours. On subdivisait parfois en ordinaire (estrapade) et extraordinaire (dislocation des membres). Tout cela sans exclure des tortures traditionnelles ( arrachage des chairs avec des pinces rougies).
Wilhelm Pressel, dans son livre "Hexen und Hexenmeister", imprimé à Stuttgart en 1860 nous livre le rapport du premier jour de torture, d'une femme accusée de sorcellerie à Prossneck (Allemagne), en 1629 :
Le bourreau lui lie les mains, lui coupe les cheveux et la place sur l'échelle. Il lui jette de l'alcool sur la tête et y met le feu pour brûler la chevelure jusqu'aux racines.
Il lui place des morceaux de soufre sous les bras et autour du cou, et les enflamme.
Il lui lie les mains derrière le dos et l'élève jusqu'au plafond.
Là, il la laisse suspendue pendant trois ou quatre heures jusqu'au petit déjeuner.
A son retour, il lui asperge le dos d'alcool et y met le feu.
Il lui attache de très lourds poids au corps et l'élève à nouveau. Après cela, il lui place le dos contre une planche hérissée de pointes acérées et la remonte une fois de plus jusqu'au plafond.
Il lui comprime alors les pouces et les gros orteils dans les vis et lui frappe les bras avec un bâton. Il la laisse ainsi suspendue pendant un quart d'heure jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse.
Puis il lui presse les mollets et les jambes à la vis.
Il la fouette ensuite avec un fouet conditionné pour la faire saigner.
A nouveau, il lui place pouce et gros orteils dans les vis, de six à treize heures, pendant qu'il va manger un peu avec les officiels de la cour. Le lendemain, ils reprirent mais sans pousser les choses aussi loin que le jour précédent ...
Mémoires de William Lithgow
Je fus mis tout nu et porté sur le chevalet (il s'agissait d'un chevalet vertical posé contre le mur) où l'on me suspendit avec deux petites cordes. Etant hissé à la hauteur voulue, mon bourreau tira mes jambes de chaque côté du chevalet, attacha une corde sur chacune de mes chevilles et tira les cordes ensuite vers le haut, obligeant mes genoux à toucher les deux planches jusqu'à ce qu'éclatent mes jarrets. Je fus ainsi pendu pendant plus d'une heure. Ensuite mon bourreau plaçant mon bras droit au dessus du gauche enroula sept fois de suite une corde autour des deux bras et se tenant sur le dos raidissant ses pieds contre mon ventre, tira de telle sorte les cordes qu'il me coupa les tendons des bras et mis mes os à nu si bien que je fus estropié pour le reste de mes jours.
Alors mes yeux commencèrent à sortir, ma bouche se mit à mousser et à écumer, et mes dents à remuer comme des baguettes de tambours. Mais en dépit de mes lèvres tremblantes, de mes soupirs, du sang jaillissant de mes bras, de mes tendons brisés, de mes jarrets et de mes genoux, ils continuèrent à frapper ma figure avec des gourdins pour arrêter mes cris de terreur. Ils me disaient sans cesse : Avoue, avoue, avoue à temps pour éviter d'horribles tourments Mais je ne pouvais que répondre: Je suis innocent, O Jésus ayez pitié de moi !
Alors mon corps tremblant fut porté sur un chevalet plat, ma tête pendante placée dans un trou circulaire, mon ventre en l'air, mes bras et pieds ligotés, car je devais endurer mes pires supplices. Ensuite des cordes furent passées sur le gras de mes jambes, le milieu de mes cuisses et de mes bras, et ces cordes furent attachées à mes chevilles. Je souffris sept tortures, chaque torture consistant en une torsion complète des chevilles. Alors le bourreau prit un pot plein d'eau dont le fond troué légèrement fut placé près de ma bouche.
Au début, je l'acceptai avec joie, car je souffrais d'une soif écorchante et n'avais rien bu depuis trois jours. Mais lorsque je vis qu'il essayait de me forcer à boire, je fermai les lèvres. Ensuite on m'écarta les dents avec une paire de pinces en fer. Bientôt mon ventre commença à grogner terriblement à la manière d'un tambour, je ressentis une peine suffocante avec ma tête penchée vers le sol, l'eau regorgeant dans ma gorge, étranglant et arrêtant ma respiration.
Je demeurai six heures sur ce chevalet et entre chaque application de la torture, on me questionnait pendant une demi heure, chaque demi heure me paraissant un enfer. Vers dix ce soir là, ils m'avaient infligé soixante tortures diverses et continuèrent encore une demi heure bien que mon corps fut couvert de sang, que je fusse percé de part en part, que mes os fussent broyés ou meurtris et en dépit de mes hurlements, de mes lèvres et du grincement de mes dents. Aucun homme, je le jure, ne pourrait concevoir les peines que j'ai endurées ni l'anxiété de mon esprit.
Quand ils m'arrachèrent du chevalet l'eau jaillit de ma bouche. Ils mirent des fers sur mes jambes brisées et je fus reconduit dans mon donjon. Chaque jour on me menaçait de tortures nouvelles si je refusais d'avouer. Le gouverneur ordonna que toute la vermine de la cellule soit balayée et placée sur mon corps nu ce que me fit souffrir mille morts. Mais le guichetier venait me voir en secret, enlevait la vermine et la brûlait en tas avec de l'huile, sans cela elle m'aurait entièrement mangé et dévoré.
La peste et erreur des sorciers, devins et invocateurs des démons revêt, en diverses provinces et régions, des formes nombreuses et variées en rapport avec les multiples inventions et les fausses et vaines imaginations de ces gens superstitieux qui prennent en considération les esprits d'erreur et les doctrines démoniaques.

Interrogatoire des sorciers, devins et invocateurs des démons.

Au sorcier, devin et invocateur des démons inculpé, on demandera la nature et le nombre des sortilèges, divinations ou invocations qu'il connaît, et qui les lui a enseignés. Item, on descendra dans les détails, prenant garde à la qualité et condition des personnes, car les interrogatoires ne doivent pas être les mêmes pour tous. Autre sera celui d'un homme, autre celui sera d'une femme.


Fichier:Breaking Wheel.jpg
A nous, la roue peut sembler être un dispositif ordinaire en bois destiné à déplacer par exemple un chariot. Ce supplice a connu des applications diverses et variées. Au Moyen-âge, la roue était un des supplices les plus répandu qui favorisait la terreur.
Après avoir subit la " rupture " avec la roue, le condamné ressemblait plus à une marionnette, une sorte de monstre gluant de sang et complètement disloqué. La mort était lente, horrible, barbare, mais permettait souvent l'extorsion de confessions.

Torture protéiforme, le supplice de la roue était l'un des plus répandus, du condamné qui tournait en se faisant lacérer par des clous à celui du bûcher qui se situait sous le condamné, ce supplice se trouve décrit avec force de détails sous la plume de Muyart de Vouglans :
On dresse un échaffaud sur le milieu duquel est attache à plat une croix de Saint André faite avec deux solives en forme en forme oblique , assemblées au milieu où elles se croisent, sur lesquelles il y a des entailles qui répondent au milieu des cuisses, des jambes, du haut et du bas du bras. Le criminel nu, en chemise étendu sur cette croix, le visage tourné vers le ciel, l'exécuteur ayant relevé sa chemise aux bras et aux cuisses, l'attache à la croix avec des cordes à toutes les jointures et lui met la tête sur une pierre. En cet état armé d'une barre de fer carrée, large d'un pouce et demi, arrondie avec un bouton à la poigné, il en donne un coup violent entre chaque ligature, vis à vis de chaque hoche et finit par deux ou trois coups sur l'estomac ... Après l'exécution faite, le corps du criminel est porté sur une petite roue de carrosse dont on a scié le moyeu en dehors et qui est placée horizontalement sur un pivot. L'exécuteur après lui avoir plié les cuisses en dessous, de façon que ses talons touchent au derrière de la tête, l'attache à cette roue en le liant de toutes parts aux jantes et le laisse ainsi exposé au public plus ou moins de temps.


Fichier:Supplice Marsyas.jpg Fichier:Diverse torture instruments.jpg


Le chevalet n'est pas d'origine médiévale, déjà à Rome Ciceron le décrit. A l'époque, l'instrument ne servait pas a faire dénoncer d'éventuesl complices mais agissait comme une véritable machine de mort.

On ne descendait pas vivant du chevalet, d'autant qu'on labourait au même moment les corps des condamnés avec des crochets de fer. Il est l'instrument dont tous les bourreaux d'Europe connurent la pratique jusqu'à la fin du XVIIIème siècle.
                                               Le chevaletle chevalet


«waterboarding». Celle-ci consiste à faire suffoquer un supplicié avec de l'eau jusqu'au seuil de la mort.
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La vièrge de Fer
Fichier:Muzeum Ziemi Lubuskiej - Muzeum Tortur - Żelazna dziewica.JPG

LE SARCOPHAGE DE NUREMBERG ou LA VIERGE DE FER
"La vierge de fer était une statue de fer de grandeur naturelle, d'une taille un peu au-dessus de la moyenne, mais posée sur un bas piédestal qui s'enfonçait ou se haussait, de manière à mettre la tête de la statue bien au niveau de la tête de l'être humain qui devait être sa victime. Les bras étaient articulés, aux épaules, aux coudes et aux poignets, les mains aux doigts écartés, crochus et acérés, demeurant à demi fermés. La victime hurlant de peur se cambrait, espérant échapper à l'étreinte. Les bras de fer resserraient leur étreinte, l'un étant resté un peu au-dessous de l'épaule gauche de la victime, l'autre étant remonté et lui enfonçant ses ongles dans le crâne, à travers les cheveux. Le sang paru, tomba par gouttes puis ruissela... En outre, des yeux de la statue, tout aussi lentement, sortait une autre pointe d'acier..."
(Extrait de "La Vierge de Fer" par Edmond Cazal)
"C'était une cage cylindrique de lames de fer brillantes maintenues par des cercles. L'intérieur en était garni de pointes acérées. On hissait l'engin au plafond à l'aide d'une poulie. On y avait enfermé le ou la supplicié. A l'aide d'un fer aigu ou un tisonnier rougi au feu, on commençait à piquer la personne qui, dans ses mouvements de recul, venait se heurter violemment contre les pointes de la cage. A chaque coup, s'épaississaient les ruisseaux de sang qui tombaient."
(Extrait de "La Comtesse Bathory" par ElricWarrior)




Supplice du pal



Description du supplice en 1563 de Poltrot de Méré, pour avoir assassiné François de Guise(Jules Michelet)
"Quand il fut lié au poteau, le bourreau avec ses tenailles lui arracha la chair de chaque cuisse et ensuite décharna les bras. Les quatre membres ou quatre os devaient être tirés à quatre chevaux. Quatre hommes qui montaient ces chevaux, les piquèrent et tendirent horriblement les cordes qui emportaient ces pauvres membres. Mais les muscles tenaient. Il fallut que le bourreau se fît apporter un gros hachoir et à grands coups détaillât la viande d'en haut et d'en bas. Les chevaux alors en vinrent à bout. Les muscles crièrent, craquèrent, rompirent d'un violent coup de fouet. Le tronc vivant tomba à terre mais comme il n'y a rien qui ne doive finir, il fallut bien que le bourreau lui coupât la tête."
Le Bûcher
Les souverains légalisèrent la pratique du bûcher, tant elle satisfaisait les instincts cruels de leurs prêtres et de leurs peuples.

Attachés en croix et enduits de résine, ils éclairèrent à la manière des flambeaux, quelques unes des plus belles scènes de l'orgie romaine.

Nombreux furent les martyrs chrétiens qui périrent ainsi après avoir enduré au préalable toutes sortes de tortures.

L'histoire humaine est jalonnée de bûchers et d'incendies, l'homme est pareil au démon à la vue du feu.



                                      

                                                      
LE COLLIER DE JUDAS
Le condamné est conduit à pied, les deux mains liées en devant et attachés au cul de la charrette de l'exécuteur des hautes oeuvres, jusqu'à un poteau planté dans la place publique.

A à ce poteau est attachée une chaîne au bout de laquelle pend un collier de fer ayant une charnière pour l'ouvrir. On fait entrer le cou et les poignets du condamné dans ce collier qu'ensuite on ferme avec un cadenas ; quelquefois il a un écriteau devant et derrière où est écrit son délit.

Il reste ainsi selon les termes de son jugement, plus ou moins d'heures, voir un ou plusieurs jours. Le carcan a été aboli par la loi du 28 avril 1832.
Le collier de Judas est un instrument de torture enserrant la gorge du supplicié qui est hissé grâce à un jeu de poulie et relâché brutalement sur un billot conique qui progressivement lui broie les os du bassin ou simplement assis sur le cône avec des poids attachés aux membres qui le tirent vers le bas, occasionnant ainsi les mêmes dégâts...


                                                        LE SUPPLICE DE LA CORDE


CEINTURE DE SAINT - ELMO
FLEAUX

Récit du premier jour d'interrogatoire d'une femme accusée de sorcellerie à Prossneck en Allemagne, en 1629
(extrait du livre de Wilhelm Pressel, "Hexen und Hexenmeister", Stuttgart 1860)
"Le bourreau lui lie les mains, lui coupe les cheveux et la place sur l'échelle. Il lui jette de l'alcool sur la tête et y met le feu pour brûler la chevelure jusqu'aux racines. Il lui place des morceaux de soufre sous les bras et autour du cou, et les enflamme. Il lui lie les mains derrière le dos et l'élève jusqu'au plafond. Là, il la laisse suspendue pendant trois ou quatre heures jusqu'au petit déjeuner. A son retour, il lui asperge le dos d'alcool et y met le feu. Il lui attache de très lourds poids au corps et l'élève à nouveau. Après cela, il lui place le dos contre une planche hérissée de pointes acérées et la remonte une fois de plus jusqu'au plafond. Il lui comprime alors les pouces et les gros orteils à la vis et lui frappe les bras avec un bâton. Il la laisse ainsi suspendue pendant un quart d'heure jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse. Puis il lui presse les mollets et les jambes à la vis. Il la fouette ensuite avec un fouet conditionné pour la faire saigner. A nouveau, il lui place pouce et gros orteils dans les vis, de six à treize heures, pendant qu'il va manger un peu avec les officiels de la cour. Le lendemain, ils reprirent mais sans pousser les choses aussi loin que le jour précédent..."



MODELES
DE
VIS A OREILLE
à gauche plus spécialement conçue pour les doigts
à droite pour les bras et les jambes

Récit du supplice d'Urbain Grandier possédé de Loudun dans la Vienne
"Alors mes yeux commencèrent à sortir, ma bouche se mit à mousser et à écumer, et mes dents à remuer comme des baguettes de tambours. Mais en dépit de mes lèvres tremblantes, de mes soupirs, du sang jaillissant de mes bras, de mes tendons brisés, de mes jarrets et de mes genoux, ils continuèrent à frapper ma figure avec des gourdins pour arrêter mes cris de terreur. Ils me disaient sans cesse : Avoue, avoue, avoue à temps pour éviter d'horribles tourments. Mais je ne pouvais que répondre :Je suis innocent, O Jésus ayez pitié de moi ! Alors mon corps tremblant fut porté sur un chevalet plat, ma tête pendante placée dans un trou circulaire, mon ventre en l'air, mes bras et pieds ligotés, car je devais endurer les pires supplices. Ensuite des cordes furent passées sur le gras de mes jambes, le milieu de mes cuisses et de mes bras, et ces cordes furent attachées à mes chevilles. J'endurais sept tortures, chaque torture consistant en une torsion complète des chevilles. Alors le bourreau prit un pot plein d'eau dont le fond troué légèrement fut placé près de ma bouche. Au début, je l'acceptai avec joie, car je souffrais d'une soif écorchante et n'avais rien bu depuis trois jours. Mais lorsque je vis qu'il essayait de me forcer à boire, je fermai les lèvres. Ensuite on m'écarta les dents avec une paire de pinces en fer. Bientôt mon ventre commença à grogner terriblement à la manière d'un tambour, je ressentis une peine suffocante avec ma tête penchée vers le sol, l'eau regorgeant dans ma gorge, étranglant et arrêtant ma respiration. Je demeurai six heures sur ce chevalet et entre chaque application de la torture, on me questionnait pendant une demi-heure, chaque demi-heure me paraissant un enfer. Vers dix ce soir, ils m'avaient infligé soixante tortures diverses et continuèrent encore une demi-heure bien que mon corps fut couvert de sang, que je fusse percé de part en part, que mes os fussent broyés ou meurtris et en dépit de mes hurlements, de l'écume de mes lèvres, de mes lèvres et du grincement de mes dents. Aucun homme, je le jure, ne pourrait concevoir les peines que j'ai endurées ni l'anxiété de mon esprit. Quand ils m'arrachèrent du chevalet l'eau jaillit de ma bouche. Ils mirent des fers sur mes jambes brisées et je fut reconduit dans mon donjon. Chaque jour on me menaçait de tortures nouvelles si je refusais d'avouer et le gouverneur ordonna que toute la vermine de la cellule soit balayée et placée sur mon corps nu ce que me fit souffrir mille morts. Mais le guichetier venait me voir en secret, enlevait la vermine et la brûlait en tas avec de l'huile, sans cela elle m'aurait entièrement mangé et dévoré."

ECRASEUR DE POITRINE
POIRE A ORIFICES


SCIE
L'utilisation de la scie était particulièrement simple : le bourreau entamait lentement la peau, puis les chairs et ensuite les os jusqu'à ce que le condamné s'évanouisse de douleur ou avoue...
ECRASEUR DE TÊTE
Le menton repose sur le plateau inférieur, le haut de la tête est sous le chapeau. Le bourreau agit sur la poignée compressant la tête, faisant éclater littéralement les mâchoires, puis le nez, pouvant aller jusqu'à l'éclatement des tympans et des orbites.


MASQUES
Les masques enserraient et maintenaient la tête dans une rigidité qui devenait parfois insoutenable. Souvent ces masques étaient réglables, il était possible d'écraser la tête en manœuvrant les vis. Raccordés aux membres, la fatigue aidant, les douleurs étaient vite insupportables. Parfois ces masques étaient agrémentés de mécaniques obstruant les voies respiratoires ou de piques ou de pointes lacérant le visage au moindre mouvement.


Une extrémité était fixée dans le menton de la victime, l'autre sur son sternum. Le moindre mouvement de la tête faisait qu'une extrémité tournait et provoquait d'horribles souffrances.
Le condamné étendu sur le dos ou le ventre, le bourreau, tenant à deux mains la "patte de chat", déchirait la peau des victimes en lambeaux et labourait les chairs du supplicié.
FOURCHETTE HERETIQUE
PATTE DE CHAT




MODELES DE CHAISES A CLOUS

 





Crémation de captifs mexicains suivant les méthodes de l'inquisition, Amsterdam 1620.



Le roi Hérode fait brûler plusieurs jeunes gens avec leurs maîtres à penser...



Fin du supplice des hérétiques.



Persécutions religieuses XVIIème siècle.



Asphyxies et brûlures, persécutions religieuses.



Thomas Cranmer brûlé vif.



Constitution criminalis 1769. Mode d'emploi du chevalet.



Supplice du chevalet agrémenté d'une flagellation, Dictionnaire de la Bible de Dom Calmet.



Extrait du Dictionnaire de la Bible, de Dom Calmet.